lundi 8 octobre 2007

Les cas de conscience du cavalier ...

Les questions qu'on ne se pose jamais...

A force de nous côtoyer, les chevaux finissent par faire partie de notre univers. On les monte, on les soigne... Mais on néglige souvent de s'interroger à leur sujet. Pourtant, la relation que nous entretenons avec eux est loin d'être banale. Elle mérite qu'on se pose des questions sur les liens qui nous unissent à cet animal censé être notre plus noble conquête.
Ayons le courage d'affronter les interrogations les plus dérangeantes qu'il nous pose...

Entre eux et nous
Les chevaux pourraient-ils vivre sans l'homme ?


Oui et non. Oui, incontestablement, car les mustangs d'Amérique ou les brumbies d'Australie vivent, pour l'instant, très bien à l'état sauvage ( tant qu'on leur octroie des réserves...).
Le cheval domestique semble donc avoir conservé suffisamment d'instinct et de potentiel génétique pour survivre seul, une fois relâché.
Mais non car, ne l'oublions pas, la forme véritablement sauvage du cheval s'est bel est bien éteinte avec le tarpan et avec le dernier przewalski capturé.
Le cheval n'a donc survécu que grâce à l'homme. Certains s'écrieront que c'est à cause de l'homme qu'il s'est éteint. C'est également vrai, mais l'homme fait lui aussi partie de la nature, et il ne semble pas près de s'éteindre. Il se multiplie, au contraire, très rapidement !
Sans la domestication, il est probable qu'il n'y aurait aujourd'hui plus aucun cheval vivant sur cette terre. Les zèbres, ces cousins véritablement sauvages du cheval et jamais domestiqués, sont d'ailleurs, hélas, bien mal partis. Ils sont presque tous au bord de l'extinction.

La maison du bonheur

Les conditions de détention des chevaux sont-elles acceptables ? Nos chevaux sont-ils heureux ?



Au moins, une chose est sûre : c'est qu'un cheval qui tique ( à l'ours ou à l'air) n'est pas bien dans sa peau. Mais les autres chevaux sont-ils heureux ? Eux seuls le savent !
Toutefois, quand il s'agit de choisir pour eux entre deux modes de vie, il faut penser à leur demander leur avis. En effet, avant de décréter, par exemple, que les chevaux seront mieux si on les rentre le soir sous un abri, pourquoi ne pas leur laisser le libre choix de rentrer ou de rester dehors ?
L'homme se trompe souvent lorsqu'il essaie de se mettre à la place des animaux. Alors, autant les laisser décider eux-mêmes de ce qui leur convient, quand c'est possible.
Il est essentiel d'offrir aux chevaux un mode de vie qui corresponde, autant que possible, à leur nature d'herbivores sociaux. Ils sont plus heureux à plusieurs dans un pré, plutôt qu'enfermés tout seuls entre quatre murs...


Au boulot !

A-t-on le droit de monter sur les chevaux et de les utiliser comme moyen de transport ?

Tous les traités de dressage ou de haute école le rappellent : les chevaux ne sont physiquement pas faits pour être montés. C'est pour cela qu'il faut les travailler si longtemps, pour développer leur musculature, pour leur apprendre à trouver un nouvel équilibre sous la selle... Mais l'homme est-il fait pour travailler dans une usine ou face à un ordinateur ? Pas davantage !
Alors, à partir du moment où les chevaux partagent notre vie, il faut bien qu'ils se plient à nos coutumes. Il est donc normal qu'ils payent un tribut en échange des fortunes que nous engloutissons pour les nourrir, les loger, les soigner...
Leur tribut, c'est de nous transporter de temps à autre sur leur dos.
Notre devoir est, en revanche, de tout faire pour que les conditions de travail de nos chevaux soient les meilleures possibles. Il n'est pas acceptable qu'ils développent des maladies des os ou des tendons à cause de notre poids sur leur dos. Nous devons donc leur assurer un entraînement adéquat, une bonne ferrure, les faire travailler sur de bons terrains, etc....

Ils s'aiment un peu, beaucoup...

De quelle nature sont les relations entre l'homme et le cheval :
parasitisme, commensalisme ou symbiose ?

Ces trois termes ne sont sans doute pas familiers...
Un parasite est un être qui vit aux dépens de son hôte, sans rien lui apporter en retour, si ce n'est des désagréments. Les vers intestinaux sont des parasites de l'homme et du cheval.
Un commensalisme est une relation entre deux êtres qui profitent mutuellement l'un de l'autre sans se nuire, mais sans non plus en tirer un avantage net. En d'autres termes, les " plus" que chacun acquiert grâce au commensalismes sont souvent contrebalancés par des "moins" occasionnés par la présence de l'autre. L'exemple généralement choisi est celui du requin et de son poisson pilote...
Le nirvana c'est bien entendu, la symbiose, au cours de laquelle chacun des deux êtres profite vraiment de la présence de l'autre pour être plus fort, plus résistant, vivre mieux,etc...
On peut donc, considérer que les humains qui exploitent abusivement les chevaux en les nourrissant mal, sans les vermifuger ni leur parer les pieds, ne sont à l'égard des chevaux que des parasites. La relation la plus fréquente entre les équidés et les cavaliers est de type commensal. En échange de gîte et du couvert, nous utilisons les chevaux pour notre plaisir. Nous sommes heureux de disposer d'un cheval, mais, d'un autre côté, il nous coûte cher en temps et en argent. Du point de vue du cheval, il est logé et nourri mais vit dans un tout petit box et effectue un travail qui ne lui semble pas toujours très agréable.

La véritable symbiose entre le cheval et son propriétaire est plus difficile à atteindre. Elle ne survient que quand chacun des deux protagonistes voit sa vie véritablement enrichie grâce à la présence de l'autre.
Beaucoup de gens ont, évidemment, l'impression de vivre en symbiose avec leur monture. A n'en pas douter, beaucoup d'entre eux se trompent. Ils omettent juste de se demander ce qu'ils apportent vraiment à leur cheval. Ou alors, ils échouent dans le difficile exercice incontestablement des cavaliers qui rendent leurs chevaux heureux, qui enrichissent leur vie en leur proposant un travail intéressant et varié et qui développent une véritable amitié avec leur animal.

Pourquoi les chevaux nous laissent-ils les dominer, alors qu'ils sont beaucoup plus forts que nous ? Tout d'abord, parce que les équidés sont des animaux plutôt pacifiques, qui préfèrent toujours fuir plutôt que de lutter. Mais aussi sans doute, parce que l'évolution, puis l'homme, ont sélectionné les chevaux pour être de plus en plus soumis, malléables. On retrouve l'hypothèse, selon laquelle les animaux domestiques auraient eux-mêmes choisi leur domestication. Ils auraient fait le choix évolutif de renoncer à une partie de leur agressivité, de leur méfiance et de leur indépendance, pour vivre en association avec les humains. Ils se seraient adaptés pour pouvoir tirer profit des bienfaits de notre florissante civilisation. Ce n'est qu'ensuite que l'homme aurait poursuivi le travail de l'évolution en sélectionnant sans cesse les sujets les plus dociles, les plus faciles à monter et à débourrer....

Par Frédéric Chéhu et Maria Franchini
Dessin : Sylvianne Gangloff

Galoper plein pot ....!



C'est d'abord un bruit !
Le tempo du galop martèle notre oreille au rythme des sabots qui frappent le sol.
Tacatac, tacatac, tacatac...
Plus que le vent, plus que la vitesse, c'est ce rythme ternaire qui nous libère.
C'est un roulement de tambour qui hypnotise, un tam-tam régulier et sauvage qui favorise la transe.

Devant nous, les antérieurs se déroulent sur le tapis roulant de verdure.
Les crins rêches fouettent notre visage, stimulant notre vitesse.
Bien huilée, la mécanique des muscles de l'animal roule sous notre assiette.
Le souffle puissant qui s'échappe des naseaux mêle son timbre vibrant à l'univers sonore qui nous transporte.
Brrrr, brrrrr, brrrrr...

Mi-centaure, mi-passager clandestin, on est grisé de sentir fonctionner ainsi à plein régime cette machine vivante.
A chaque foulée, l'encolure descend et s'allonge.
Perdues dans la crinière, nos mains suivent le rythme, tirées vers l'avant par la bouche écumante de l'animal.
Les oreilles du coursier montent et descendent sous nos yeux.
La vapeur, la sueur, les odeurs s'élèvent, clameurs silencieurses de l'animalité de cette mécanique à galoper.
Elle semble infatigable, "inarrêtable"...
C'est agréable !

Le chaval finira pourtant par ralentir, comme une grosse machine à vapeur.
Progressivement.
Le roulement de tambour se fera plus sourd, plus rond...
L'encolure descendra lentement, pesante, puis ce sera le trot...
Le retour de ses secousses binaires marquent la fin du galop.
Enfin, vient le pas, rênes longues, la foulée encore ample et l'écume sur l'encolure qui fume...
Selon le tempérament et le dressage du cheval, le grand galop ne sera plus qu'un souvenir.
Souvenir en forme de trottinement si la monture est nerveuse.
Souvenir en forme de pas lourd et allongé si le cheval est bien dressé.

Par Frédéric Chéhu